On dit que c’est à cause de La Niña, toute cette pluie. Mais après un an et demi d’un temps épouvantable, parfois interrompu par quelques jours de soleil – on a intérêt à ne pas se planter sur le timing des machines pour avoir une chance de faire sécher son linge, les habitants s’accordent à dire qu’il y en a ras-le-bol de la Niña. Et le trajet depuis le mouillage, où nous vivons à bord juste à la sortie de Port Moselle, n’est pas toujours agréable lorsqu’il s’agit de se faire rincer trois fois par jour, tout cela au nom de l’éducation de notre fils, pendant les allers-retours en annexe et vélo pour déposer et récupérer Azur à l’ecole. Mais c’est le prix à payer pour avoir des enfants francophones. L’investissement a porté ses fruits : Azur adore l’école et sa formidable maîtresse Anne-Marie, il s’est adapté avec fierté et maturité à la cadence soutenue des devoirs à la maison quotidiens et des évaluations régulières, et a appris un tas d’expressions idiomatiques auprès de ses camarades de classe qui lui ont réservé le meilleur accueil depuis le début, tous alignés contre la barrière en nous faisant de grands signes de la mains et en criant “Salut Azur !” à son arrivée le premier jour.



L’inscrire a également été un jeu d’enfant. La directrice de la première école que nous avons visitée nous a dirigés vers l’Ecole Surleau, que nous avons d’abord comprise comme “Sur l’eau” (que nous avions trouvé de circonstance), une école bilingue où nous avons été accueillis chaleureusement par la directrice qui avait un imprimé des Quatre Accords accroché dans son bureau joliment décoré. Elle nous a expliqué les règles de fonctionnement de l’école, nous a aidés à régler les formalités administratives sur place, et nous a présentés à l’institutrice d’Azur pendant la récréation. Tout ce qu’il nous restait à faire était de revenir le lendemain et de laisser notre enfant à la grille comme tous les autres parents. Il est revenu l’après-midi même avec un sac rempli de cahiers pour les différentes matières, dont un cahier de texte, et une liste de mots à apprendre pour sa première dictée.
Notre tentative d’inscription de Zéphyr au lycée, en revanche, n’a pas été une franche réussite. Un peu comme dans les Douze Travaux d’Astérix, nous avons été envoyés dans toutes les directions pour finalement rentrer bredouilles. En entrant dans l’enceinte du lycée, nous nous sommes présentés à la loge du concierge, qui nous a indiqué la “Vie Scolaire” où nous avons rapidement réalisé que nous n’étions pas au bon endroit, mais une prof d’éducation physique sympathique nous a ammenés au bureau du principal. Il n’était pas là, alors nous avons frappé à la porte d’à côté pour rencontrer le principal adjoint. Lui et la secrétaire nous ont écouté attentivement en prenant des notes, mais ont préféré attendre l’avis du principal avec qui ils ont donc programmé une rendez-vous le lendemain. Lorsque nous sommes revenus le jour suivant, un peu plus tôt que convenu, juste après avoir déposé Azur à l’école, était-ce la raison de son irritation, le principal nous a immédiatement fait savoir que sans une preuve plus convaincante de résidence et des bulletins de notes récents de son collège précédent, il ne pouvait rien faire pour notre fils. Une semaine plus tard, lorsque j’ai rassemblé tous les documents requis, je les ai envoyés par e-mail à l’adresse que j’avais trouvée sur le site de l’école. L’envoi a échoué a plusieures reprises, car les pièces jointes étaient jugées trop volumineuses pour le serveur géré par le gouvernement. Je les ai donc transformées en liens hypertexte vers mon drive, ce qui a semblé fonctionner, ou du moins je n’ai pas reçu de notification d’échec de livraison, mais à ce jour je suis toujours dans l’attente d’une réponse à ma demande…



Du coup, nous organisons notre emploi du temps en fonction des horaires d’école d’Azur (7h45-11h15, pause déjeuner dans le parc de la bibliothèque, sauf les lundis et jours de pluis, puis reprise 12h45-15h30) pendant que Zephyr fait de beaux progrès dans son programme en ligne Te Kura, que Thomas bricole sur le bateau, et que je récupère de mes soirées salsa et réfléchis à ma condition de citoyenne oisive. Jusqu’à présent, Zéphyr a bouclé son programme de mathématiques pour cette année ainsi que la suivante, Thomas a construit la plateforme en tek tant attendue, connecté notre dernier panneau solaire, reparé notre hors-bord, réparé et recâblé le pilote automatique, travaillé quelques heures pour Gurit et aidé notre ami Laurent à dimensionner les réparations de son catamaran de course Ultra-Violet. Quant à moi, j’ai installé une bande de LED multicolores dans le cockpit, rangé le coin table à cartes, modifié l’atelier pour caler nos boîtes de recyclage et de légumes pendant la navigation, fait un peu d’administration et publié la vidéo de notre séjour aux Fidji.

Assignés à résidence à Nouméa la semaine pour l’école, nous pouvons explorer le lagon pendant les week-ends. Mais pas aujourd’hui, bien que samedi. Nous sommes le seul bateau encore amarré à l’Ilot Maitre, il pleut à verse et je n’ai même pas encore mis un pied hors de la cabine. Il n’y a rien à voir de toute façon (d’où le manque de photos dans ce billet), tout est gris et humide. Au lieu de cela, j’ai lu des BD empruntées à la bibliothèque Bernheim, fait une sieste pendant que les autres jouaient à Catan (avec des commentaires en continu de Zephyr pendant toute la partie), et fait une partie de Triomino familiale que nous avons dû interrompre pour nous abriter à Nouville pour la nuit. Dommage, j’étais en tête avec 399 points, alors que le gagnant est le premier à atteindre 400 ! Mais pour nous remonter le moral, nous avons les souvenirs d’un glorieux week-end de voile, randonnées, et baignades dans les sources chaudes dans le Grand Sud avec nos amis Laurent, Sandrine et Thomas (un sujet pour un autre billet), et plus récemment le grand moment passé hier à l’Ilot Maitre, à flâner sur sa plage de sable, apercevoir pour la première fois le tricot raye emblématique de Nouvelle Caledonie, et nager avec une paire de tortues vertes se baladant avec élégance dans l’eau. Leur attitude zen était très apaisante et nous les avons observées pendant un momen, se mouvoir sans effort et brouter de l’herbe en laissant des brins d’herbe coupée partout autour d’eux. Malheureusement, nous n’avons toujours pas de caméra étanche pour capturer ces précieux moments sous l’eau (je sais, Papa, je sais).

Dans l’ensemble, notre routine ressemble à notre vie à Auckland, mais avec une faune et une flore plus exotiques à découvrir, et moins de travail (pour moi), ou d’amis avec qui partager nos aventures.

J’ai compris, c’est juste un prétexte.
Si vous revenez sans photos sous marines, vous serez obligés de repartir !
LikeLike
Pour Marc_DitDadou À moins que tu leur offre le fameux appareil étanche. Je n’ai pas envie de les voir repartir 😉😁
LikeLike