Experience multi-sensorielle a Yalobi

Le coup de foudre

Dès que nous avons dépassé la pointe sud de l’île de Waya, nous avons admiré les hautes et majestueuses falaises de Yalobi, souvent décrit comme l’un des villages fidjiens les plus emblématiques pour cette raison même, et sommes tombés en admiration devant les rochers noirs, contrastant avec l’herbe sèche doree poussant sur les flancs exposés des collines, et les cinquante nuances de vert de la forêt luxuriante de manguiers, de maniocs et de toutes les variétés de palmiers, l’eau translucide et la plage de sable blanc.

Yalobi cliffs

En avant la musique

Le premier son mémorable fut celui des applaudissements d’une demi-douzaine d’hommes rassemblés dans la salle du village qui nous recevaient pour notre sevusevu, interrompant leur réunion de kava entre chefs de village et hauts fonctionnaires du continent.

Yalobi bay from above

Puis vint le paysage sonore d’une randonnée solitaire* en haut de la colline, rythmée par le froissement des hautes herbes pour dégager le chemin, le craquement des feuilles mortes sous mes pas, et le tortillement des lézards à queue bleue s’échappant furtivement devant moi, suivi d’un cri, le mien, lorsqu’un villageois sortit de nulle part, revenant du travail de l’autre côté de l’île, surpris que je prenne en photo la vue imprenable sur la baie, et le son de sa machette coupant les branches de manioc pour en récolter les racines, dans une sorte d’arrêt au supermarché sur le chemin du retour.

Troisièmement, après la tombée de la nuit, le sifflement du vent qui faisait rouler le bateau dans cette baie pourtant très abritée, les vibrations sourdes de notre balancier ressemblant au bruit sourd d’un hélicoptère au loin, et le chant des coqs, bien avant l’aube, qui me privait, ainsi que tous les autres, de toute perspective de grasse matinée dominicale.

Enfin, j’ai pris un bain de sons en assistant à l’office de l’église méthodiste, où le chœur de seulement dix personnes sonnait comme cinquante, dans des polyphonies pacifiques occidentalisées dans lesquelles ils mettaient tout leur cœur et toute leur âme, avec le vibrato d’une soprano qui lancait les appels et battait la mesure avec son éventail tressé en fibres naturelles typiquement fidjien.

Et ai-je mentionné les deux appels à 10 h et 10 h 30 au son de cloche (une bouteille de gaz en aluminium suspendue à une branche d’arbre), double de l’appel de la rande percussion faite d’un tronc évidé, battu depuis sous son abri traditionnel ?

Festival des papilles

Invités à goûter à la cuisine fidjienne locale par Ben, qui m’a expliqué comment il avait perdu son emploi dans la célèbre station balnéaire de Musket Cove en raison de la mise a pied de toute activite touristique par Covid en 2020, et comment les yachts de passage représentaient la principale source de revenus du village, nous nous sommes présentés le lendemain chez la tante de sa femme comme convenu. Nous avons dû demander à un autre bateau de nous échanger une partie de nos dollars neo-zelandais contre des dollars fidjien pour pouvoir nous permettre de payer. Nous nous demandions à quoi nous attendre, mais étions déterminés à accepter son invitation et à apporter notre contribution. Lorsque je suis arrivée, Thomas et les enfants connaissaient déjà le chemin, car j’avais dû faire un deuxième voyage jusqu’au bateau pour me changer, après avoir trébuché et être tombée dans l’eau lors de notre arrivée en annexe.

Ils avaient transformé leur patio en restaurant qui nous était exclusivement dedié, et dressé la table pour quatre avec un tissu orange vif en guise de nappe. Les assiettes présentaient un éventail coloré de plats fidjiens végétaliens et locaux, dont du riz, des rotis, des chips de manioc (un succès auprès des enfants), du potiron au curry, de la papaye au curry, des feuilles de taro et des beignets à la crème de coco, ainsi qu’une tranche de papaye fraîche. Un régal pour nos papilles entre les feuilles de taro acidulées et légèrement amères et le potiron épicé cuit avec des oignons à l’ail et des feuilles de curry, la douceur de la papaye sous ses deux formes fraiche et cuite. J’ai regretté d’avoir pris une barre de muesli pour le gouté car mes papilles en redemandaient tandis que mon estomac calait et ai dû partager le reste de mes rotis avec Thomas qui ne voulait pas gaspiller une miette de nourriture.

Avant le dîner, nous avons également goûté un fruit jusqu’alors inconnu, à la peau verte et rugeuse, de la taille d’un petit ballon de rugby, à la chair blanche que nous avons évidé avec nos doigts pour en sucer des portions, en recrachant ses graines noires et lisses. Connu sous différents noms selon les villages, Ben l’appelait la soupe acidulée. Azur disait que ca avait un goût de poire, Zéphyr d’abricot, et Thomas de feijoa. Je pense que son nom lui rend justice car il me rappelle les bonbons acidulés commes les bouteilles de coca.

Feu de joie

Le dîner a été suivi d’un feu sur la plage où les enfants (les locaux et les nôtres) ne pouvaient s’arrêter de ramasser des feuilles de bananier pour les regarder tout excités flamber d’un seul coup en créant d’énormes flammes, ont fait griller des chamallows et ont admiré Thomas faire son légendaire numéro de jonglage de feu, dans un cocktail insolite d’odeurs de caramel et de pétrole.

Stairs to Nature

Caresses piquantes

Sentiment mitigé de peau maltraitée avec des griffures d’herbe coupée sur mes jambes et mes bras pendant la randonnée, aggravé par les baignades dans l’eau salée et les piqûres de mini méduses. Mais au moins, les moustiques nous ont laissé un peu de repit. Pfiou !

* J’ai compris par la suite que les touristes n’étaient pas censés se promener seuls et qu’ils devaient demander un guide pour deux raisons : ne pas se perdre dans la forêt et permettre au village de tirer un revenu supplémentaire de ses “invités”.

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