

Si je n’avais pas tant la flemme, je vous décrirais plus en détail cette impression que le temps s’est arrêté sur Gili Air, petite île à deux pas de Lombok qui accueille une floppée d’Instagrammers venus de tous horizons qui, juste après avoir débarqué sur la jetée en ferry ou en longboat peints de couleurs vives, se photographient dans des calèches Porsche ou Ferrari ou sur des vélos hollandais de location, en suivant vaguement les panneaux babacool écrits à la main pour se rendre au Rabbit Hole (aucune idée de ce que ça peut bien être, soit dit en passant), chez les tatoueurs traditionnels au bambou, ou dans les cafés et restaurants style européens comme De Puta Madre ou Italy.





Et si je n’étais pas aussi blasée, je ne révelerais pas les coulisses de cette île de villégiature divinement conçue, avec ses rues en bord de mer s’effritant avec la montée des eaux, et ses eaux cristallines hélas non pas immaculées mais jonchées d’innombrables emballages plastiques et autres déchets transportés par les forts courants qui affectent la région, et qui rendent le snorkeling avec les tortues zen et les myriades de poissons colorés qui se rassemblent par milliers, surtout lorsqu’ils sont nourris de miettes de pain par les guides de plongée, pas aussi fantastique que ne le prétendent les sites touristiques, car, entendons-nous bien, le plastique est loin d’être fantastique.





Malgré tout, une photo avec un ciel dramatiquement plombé, rempli de promesses d’éclairs et de tonnerre imminents, fondant sur une mer aigue-marine, à laquelle fait écho un grand parasol de la même couleur, rehaussée par des transats bleu roi au premier plan, et contrastée par une tache de rouge vermillon du T-shirt de Zéphyr à l’arrière-plan, ne vaut-elle pas une journée passée dans cet endroit décidément trop touristique mais néanmoins charmant ?
