Danse & abondance

This is a story of falling in love with a community. Ou de comment nous avons célébré la nouvelle année de la façon la plus délicieuse qui soit, sous le signe du partage, de la joie, la danse et l’abondance.

J’ai besoin de me projeter et j’aime réveillonner entourée, alors quand à quelques semaines de la Saint Sylvestre je n’avais toujours aucun plan, j’ai exprimé ce besoin haut et fort (merci fb), et lorsque Marie-Noëlle, ma nouvelle copine de tango, m’a suggéré un bal trad, ni une ni deux, j’ai foncé et réservé nos tickets. Je n’ai pas été déçue, best decision of the month!

Si seulement je savais dessiner afin que, à défaut de vous montrer les photos que je n’ai pas prises ce soir-là, je puisse reproduire au crayon ou en peinture l’opulence du festin qui nous attendait à la salle des Casernes d’Anduze, dans les Cévennes, lorsque nous avons rejoint la centaine d’autres humains rassemblés là et gravitant autour du buffet les papilles toutes émoustillées, le sourire aux lèvres, et des étoiles plein les yeux.

Plus qu’une auberge espagnole, sur trois ou quatre tablées de plusieurs mètres de long chacune, s’étalait un véritable banquet collaboratif coloré digne des plus grands traiteurs où se côtoyaient verrines aux fruits de mer, roulé au saumon et à l’aneth vert et rose, blinis au guacamole vert pomme, gambas épicées vermillon, gougères dorées, pâté en croute, brochettes de saumon et citron, bâtonnets de légumes aux diverses sauces, plateau de fromages, cakes salés, tartes, quiches, salades et petits fours en tout genre. A peine avions nous franchi le seuil de la porte que nous avons été débarrassés de notre gâteau au chocolat, mais il a fallu nous frayer un chemin jusqu’à une table et y faire un peu de place pour y déposer nos plats de tartelettes au butter squash rôti, oignons caramélisés au vinaigre balsamique, chèvre frais et pistache que j’avais passé l’après-midi à préparer. Je ne regrette pas d’y avoir m’y tout mon amour, on me l’a rendu au centuple et je jurerais avoir été témoin directe de la multiplication des pains.

Entre plusieurs allers-retours au buffet l’assiette remplie à ras-bord, nous nous sommes lancés sur la piste de danse nous frottant à la foule pour des bourrées, des scottish, des valses à trois, huit ou onze temps, des mazurka, des polka, des chapelloises, des an dro, et des rondo en chaine endiablés. La moitié de l’assemblée semblait savoir exactement ce qu’elle faisait, l’autre suivait bon gré mal gré, en se serrant les coudes au sens propre comme au figuré.

Mêlés à cette cohue bon enfant de hippies, babacool, va-nu-pieds, festivaliers, contact improvisateurs, barbus, tatoués, piercés, enkiltés, maquillés, amoureux de la musique, de la danse et de la vie, nous nous sentions comme des poissons dans l’eau, comme si un nouveau Prana nous ouvrait grand ses bras.  J’ai revu quelques danseurs croisés précédemment au tango ou au forro, cru en reconnaitre d’autres qui m’ont démentie, tenté de percer le secret de la mazurka qui se refuse à moi, découvert que la mode actuelle était de danser la bourrée à six, pu parler de Michael Parmenter à Marie-Noëlle, débriefer avec elle des idiosyncrasies de la population tango et même en danser quelques-uns avec Thomas. Qu’il était bon de sociabiliser et danser, danser, jusqu’à en avoir mal aux pieds !

A deux heures et demie, ayant eu notre saoul de musique live, de danse, de bonne humeur, et de nourriture à foison (je vous épargne le buffet des desserts, ses mousses au chocolat, tiramisu, verrines sucrées, gâteaux, salades de fruits et tarte aux myrtilles), nous avons regagné nos pénates, non sans une petite frayeur en croisant, sur la route du retour, un sanglier égaré, comme pour nous rappeler au bon souvenir d’Obélix qui nous attendait sagement à Carnon.

Avec des baignades symboliques le dernier jour de l’année et le premier de la suivante, certes il était plus facile de se mettre à l’eau dans la baie de Ko Yao Yai, en Thaïlande, il y a un an, comme nous avons pu le raconter à Alain (encore un copain de tango) et sa fille Lorena croisés sur la plage de Villeneuve-Lès-Maguelone après notre première baignade de l’année et interrompant nos acrobaties maladroites, mais nous faisons tout pour que 2024 s’inscrive dans la continuité de 2023, dans la découverte perpétuelle, et la pulsion de vie, encore et encore, envers et contre tout.

Bonus : Remède insolite contre le froid et l’ennui

Pour finir, un petit souvenir récent que je ne veux pas oublier . Projetons-nous à la montagne, nous attendons la navette Chamrousse-Grenoble après une journée de randonnée dans la neige entre frères, belle-soeur et cousins. Les remontées mécaniques viennent de s’arrêter, la station ferme, le soleil se couche, il nous reste trois quarts d’heure à patienter et le froid menace de nous engourdir, sans repli possible où que ce soit. Heureusement, l’univers me souffle une idée. Je remarque un tas de branchage non loin de là, des petites branches, des plus longues, des droites, des tordues, et j’entreprends d’en trouver une pour jouer à la faire tenir verticale, en équilibre sur un doigt. L’exercice est addictif et bientôt Zéphyr et Thomas se joignent à moi sous les regards amusés des chalands qui attendent également la navette.

Loin d’arriver à la cheville du bon copain de Thomas, Thomas, qui peut faire tenir un bâton à la verticale sur son nez, après une dizaine de minutes d’entrainement seulement, nous commençons à nous en sortir raisonnablement et nous nous lançons des petits défis supplémentaires comme sauter, faire sauter son bâton, ou faire des pas de salsa avec. Si bien que lorsque les autres, Nico, Gaël, Sonia, Délia et Azur reviennent de leur session bonhomme de neige et nous voient nous amuser, ils n’ont qu’une envie, essayer à leur tour. Manque de bol, ils n’y arrivent pas du premier coup. Jugeant sans doute que nous avons raflé les meilleurs bâtons, ils réclament les nôtres que l’on consent à leur prêter mais rien n’y fait. Auraient-ils eu le courage de persévérer que la navette arrive qui met un terme à notre cirque.

Une chose est certaine, bouger nous sauve du froid, le jeu de l’ennui, et lorsqu’on assiste à la réussite de quelqu’un, il y a fort à parier qu’il s’entrainait depuis bien avant qu’on le remarque…

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