Ah, le pouvoir des mots! À peine avais-je publié mon lamento sur notre retour solitaire dans notre pays d’origine que la sœur de Thomas s’est proposé de nous rendre visite à Marseille, embarquant toute sa famille dans un voyage aller-retour de 12 heures depuis la Creuse, département situé en plein cœur de la France, pour une courte journée et deux nuits ensemble, juste avant de reprendre le travail le lendemain.
95 ans de Papy
Obélix était dans le Vieux-Port de Marseille pour faciliter l’accès à chez mon oncle Denis, à une heure et demie de train, où se déroulait le 95ème anniversaire de mon grand-père. Une promesse que je lui avais faite il y a quelques années et que je n’étais pas peu fière de tenir, malgré un demi-tour du monde qui a menacé notre planning plus d’une fois. Notamment des problèmes de dernière minute pour trouver une place dans le port, ce qui nous a obligés à changer d’emplacement deux fois le matin même où nous avions notre train à prendre.



Bien que célébré en petit comité et sous un temps mitigé, ca clôturait notre voyage en beauté, témoignant de notre volonté de renouer avec la famille et d’être présents les uns pour les autres. J’ai été émue de voir à quel point mes enfants étaient solennellement touchés de “rencontrer” leur arrière-grand-père (ils étaient trop jeunes la dernière fois qu’ils l’ont vu pour s’en souvenir vraiment), saisissant intuitivement la signification que cela avait pour moi. Nous avons déjeuné d’un rougail saucisse maison (plat traditionnel réunionnais préparé par ma tante Natacha à la demande de Papy) au bord de la piscine, à l’ombre d’un vieux mûrier de Chine où Zéphyr et Azur avaient grimpé dès notre arrivée. J’ai eu du mal à résister à l’envie d’aider physiquement Papy à se déplacer, car je le trouvais bien diminué, mais, à mon grand soulagement, il n’avait perdu ni son appétit ni son sens de l’humour. Nous avons bavardé, je lui ai fait un massage des mains qui “ne l’a pas gêné” et il s’est assoupi sur un transat. Puis Denis et moi l’avons ramené au centre de soins et de réadaptation en fin d’après-midi et lui avons fait promettre de travailler sa mobilité, condition sine qua non de son autonomie et de son retour dans son appartement.





Marseille en mode dortoir
Obélix a ensuite été retenu en otage à Marseille pendant une semaine supplémentaire par un sérieux coup de mistral qui, avec ses rafales de 60 nœuds (110 km/h), a probablement surpassé en vitesses tous les vents que nous avions rencontrés pendant notre périple. Les bateaux surfaient dans le port, Leurs mâts tanguant à des angles impressionnants, et nous aurions écrasé le petit bateau à moteur sur notre gauche si Thomas n’avait pas installé des lignes supplémentaires pour nous attacher au bateau de droite et aider dans leur besogne les amarres qui peinaient à nous maintenir en place.
Cela n’a pas empêché la famille de Mélissa de braver la longue route pour passer du temps avec nous et souffrir, avec nous, de la tempête et des vents hurlants qui sifflaient dans les mâts et les drisses, nous empêchant de dormir la nuit. Ensemble, nous avons rendu grâce à Notre Dame de la Garde, gardienne des marins et des pêcheurs, arpenté les quartiers graffités, pris notre lot de photos de famille, posées, sautées ou impromptues, dîné dans un restaurant indien classouille, et réussi à se caser tous les neuf à bord. Les cinq enfants ont occupé le salon en mode dortoir (trois dans le lit double, un dans la couchette opposée et un sur le plancher), et nous, les parents, avons profité d’un peu d’intimité, chaque couple à une extrémité du bateau, l’un dans la cabine arrière et l’autre dans la couchette en V, l’une des quatre configurations proposées à nos invités, que nous avions baptisées “kids’ party” (fête des enfants). Et bien que les vents aient rapidement pris le dessus, nous avons même allumé quelques feux d’artifice !


























Arrivée dans le brouillard
Après une brève visite de ma copine Halina et son fils Helyodore, puis un aller-retour en train à Montpellier sur 24 heures pour régler quelques formalités (cf. Vive la rentrée!), nous avons mis les voiles une dernière fois pour rejoindre Carnon, notre nouveau port d’attache. Pour parcourir les 67 milles nautiques et arriver de jour, nous nous sommes levés à 5 heures du matin, alors que le vent était tombé, et avons commencé au moteur pendant la moitié du trajet, puis continué au portant, doucement mais sûrement dans une ambiance cotonneuse, pris que nous étions dans un brouillard épais jusqu’à notre poste d’amarrage que j’étais bien contente d’avoir repéré au préalable lors de ma visite de la veille. A 19h30, nous étions amarrés, et dans mon excitation à faire une course avec les enfants pour fouler le sol de notre nouveau territoire, j’ai failli manquer un appel de Denis qui voulait finaliser le plan de leur visite du lendemain avec Papy.






Et c’est ainsi que cette ribambelle de visite en coup de vent, rendues ou reçues, ont été autant de rayons de soleil qui ont participé à rendre à ce retour au bercail, dont on a un temps craint qu’il ne se fasse penaud un peu délaissés de tous, une allure plutôt fringante avec traitement VIP proche de ce que l’on avait pu imaginer.

La prochaine fois que tu reviens, je te promets que je serai là. C’est à dire physiquement en plus de par la pensée, avec une pancarte si possible et quelques soient les aléas horaires. Comme tous mes enfants tu es VIP pour moi, même si je ne le montre pas tjrs comme il aurait fallu.
Beau post à nouveau qui m’émeut et me console.
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