Pouce à Sifnos

Parfois, on ne peut pas se permettre d’être sélectif, et lorsqu’une FIAT Panda vert vomis s’arrête et décharge une échelle sur le bas-coté pour vous prendre en stop, vous êtes très reconnaissant d’accepter l’offre de la-conductrice-de-la-FIAT-Panda-vert-vomis-dont-je-ne-me souviens-plus-du-prénom, une femme gréco-américaine gentille et excentrique d’une trentaine d’années qui écoute de la musique fusion d’Europe de l’Est (pensez à un mélange de Goran Bregovic, de Manu Chao et de sirtaki grec traditionnel) diffusée sur la station de radio locale RadioActive. Nous lui indiquons que nous pouvons faire du stop en deux groupes, mais elle insist sur le fait que nous rentrerons tous, ce qui s’avére vrai sans l’échelle laissée sur le bord de la route et le reste de ses affaires qu’elle a rapidement balancées dans le coffre. Parlant couramment l’anglais, nous avons une conversation facile et stimulante, apprenons qu’elle va poster une lettre avant de retourner prendre son service dans une bar de Faros (le village côtier d’où nous sommes partis à pied au lieu d’attendre le service de bus dominical peu fréquent), elle semble ravie que nous ayons récolté des câpres sauvages en chemin (maintenant que nous sommes de fins connaisseurs, voir “Cueillette de câpres à Folegandros“). et nous donne sa bénédiction en nous déposant à Emporio, la capitale de l’île, tout en nous recommandant de passer à Kastro (un village perché sur une colline rocheuse que nous avons dû quitter la veille en raison de l’étroitesse et de la mauvaise protection du mouillage).

Là, nous nous ravitaillons en sandwich pita au souvlaki (nous étions trop tôt pour le vrai gyros qui était sur le point d’être mis en route et devait être prêt vers 16 heures, aussi déroutant que cela puisse paraître concernant l’emploi du temps nutritif des gens) avant de nous promener dans le centre historique, y compris dans une galerie d’art qui connait manifestement ma couleur préférée (turquoise) et s’est préparée à notre visite. Une fois de plus, les garçons me servent de modèles parmi les bâtiments blanchis à la chaux et les terrasses de restaurants pittoresques dignes d’un décor de cinéma, ornées de grands miroirs avec lesquels nous nous amusons bien.

Nous dégustons également des spécialités locales à l’épicerie fine – pâtisserie-café du coin, et, en milieu d’après-midi, ayant été tenus éveillés une bonne partie de la nuit par un mariage, nous nous constatons que nous sommes trop fatigués pour envisager un détour par Kastro, d’où la décision de prendre le chemin du retour, le pouce levé, pour regagner la baie de Chrisopigi, où notre maison flottante nous attend. Cette fois-ci, nous nous y rendons en deux groupes : papa et les enfants montent dans la voiture de Jacquie et Daphnée, tandis que Thomas et moi continuons à marcher jusqu’à ce qu’on nous emmène aussi, mais sommes laissés à un kilomètre environ avant notre destination. Qu’à cela ne tienne, Daphnée qui nous a repérés depuis la plage, revient nous chercher en voiture.

Papa est très heureux d’avoir rencontré par hasard ces deux jeunes femmes très aimables avec lesquelles il a pu pratiquer son anglais. Daphnée, Grecque, et Jacquie, Américaine, se sont rencontrées dans une école de commerce à New York il y a des années, et Jacquie rend maintenant visite à son amie, avec laquelle elle fait un tour gastronomique de Sifnos, réputée pour ses bonnes adresses. Elles viennent visiter Obélix a la nage, mais refusent de boire un verre car elles ont déjà eu leur compte lors d’une dégustation de vin au déjeuner et doivent se rendre à un dîner le soir même. Nous apprenons également qu’elles se sont incrustées dans le mariage gréco-français que nous n’avons pas osé déranger la veille, prenant seulement quelques photos au coucher de soleil au monastère avant le début de la cérémonie. Elles nous invitent de tout cœur à noyus enquérir, la prochaine fois que nous nous trouverons près d’un village un samedi soir, de quand et où le mariage est célébré, afin d’y assister (malheureusement, nous oublions, ou n’avons pas le courage de le faire pendant le reste de notre voyage).

Daphnée, qui est également une voileuse et connaît bien les environs d’Athènes, nous recommande quelques endroits, notamment l’île de Kea (apparemment prononcée Tsia), qui ne figurait pas initialement sur notre itinéraire, et où des ruines antiques ont été découvertes il y a quelques années et dont elle garantit qu’il s’agit d’une véritable merveille, l’emportant haut la main, selon elle, sur le célèbre temple de Poséidon près d’Athènes, ou même sur le site antique de Delphes. Nous échangeons nos numéros et elles repartent pour leur dîner gastronomique, tandis que nous nous couchons tôt pour mettre le cap le lendemain matin sur Serifos, laissant derrière nous la mini marina de Platis Gialos (prononcez Yalos) où nous avons pris notre première et unique ( ?) vraie douche de tout le voyage avec Papa, et la baie de Chrisopigi, que, malgré un samedi soir bruyant, nous avons appréciée à sa juste valeur.

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