L’ennui, en commencant notre séjour en Grèce par Kastellorizo, notre port d’entrée, est qu’il va être difficile de faire mieux. Ile d’une photogénie incomparable avec ses façades aux couleurs pastel, son ambiance décontractée et accueillante, avec une boulangerie bien achalandée, des restaus bon marché et le gérant d’une taverne qui nous offre du café le matin pour attirer les touristes fraîchement débarqués du ferry (relativement peu nombreux à cette saison), des ruelles irrésistibles dans lesquelles se perdre, des lieux de baignade isolés et des randonnées pittoresques dans la montagne, vers le château, le monastère ou l’ancien pressoir, chacun offrant des vues spectaculaires sur les îlots environnants et les eaux cristallines.


Située à 120 miles de Chypre et à 70 miles de Rhodes, Kastellorizo est l’île grecque la plus à l’est et a vu sa population diminuer de 9000 (avant la première guerre mondiale) à moins de 300 aujourd’hui, selon Elma (diminutif d’Elisabeth-Mary), d’origine néerlandaise, avec qui j’ai discuté à la boulangerie du village lorsqu’elle a vu mon visage perplexe en regardant la photo d’époque en noir et blanc de l’agglomération alors beaucoup plus grande qui se trouvait en face de moi. Faisant face à Kas, sur la côte turque, à seulement 7 km (moins de 4 Nm), il n’est pas étonnant que nos amis et nos parents aient pensé que nous étions en Turquie en regardant notre traceur, et peut-être que ce statut d’île grecque quelque peu oubliée est ce qui l’a heureusement épargnée du tourisme de masse (jusqu’à présent) et lui a permis de conserver un charme authentique (pourvu que cela dure !).
En dépit d’un petit contretemps lors de notre arrivée, retenus plus longtemps que de coutume au bureau de l’immigration parce que les autorités chypriotes n’avaient pas tamponné nos passeports (bien que nous l’avions remarqué et remis en question avant de partir), notre séjour a été irréprochable. Nous avons rencontré nos amis de WOLO une dernière fois avant leur retour à Porto Lignano. Ils nous ont aidés à nous amarrer à la poupe, une manœuvre délicate que nous réalisions pour la première fois (et certainement pas la dernière en Méditerranée, m’a-t-on dit) et nous ont immédiatement transmis leur connaissance de l’endroit, vieille d’un jour, avant que nous ayons à nous demander où trouver la boulangerie du village, les supermarchés, la laverie automatique ou le meilleur endroit pour manger des gyros.
























Nous avons vu de grosses tortues se nourrir des entrailles de calamars rejetées à l’eau par le gérant de la taverne (en partie pour divertir les touristes), nous avons été littéralement soufflés en atteignant le château très venteux, nous avons gravi les 400 marches menant au monastère de Saint-Georges de Vouni (de la Montagne), nous avons visité la crypte de St. Charalambos en essayant d’imaginer comment les moines survivaient cachés dans cette pièce borgne, en buvant dans le puits en contrebas et en ne mangeant que des encouragements de Dieu (d’après le peu que nous avons compris de l’anglais approximatif du gardien), en faisant de la plongée en apnée au large de l’îlot St George, en partageant quelques repas avec WOLO et en prenant un nombre incalculable de photos, dont ma préférée du moment, mise en fond d’écran de mon ordinateur portable, représentant Zéphyr et Azur de dos, marchant dans le chantier naval de Mandraki face à la mer, à côté d’un ΚΑΣΤΕΛΛΟΡΙΖΟ graffité sur un muret de béton, avec une coque de bateau fraîchement peinte en orange vif faisant écho au tee-shirt de Zéphyr.
Le tout en quatre jours et trois nuits. Une parfaite introduction à notre tour dans le Dodécanèse.