Minerva Reef: Un anneau dans l’océan

Dès le départ, lors de notre traversée de la Nouvelle-Zélande aux Fidji, nous avons formé l’espoir de nous arrêter à Minerva Reef, mais seulement s’il était raisonnable de le faire, d’un point de vue météorologique.. Nos espoirs sont maintes fois anéantis par les modèles et notre routeur météo (MetBob) qui nous conseille de ne pas faire ce détour avec des vents qui s’intensifient d’Est-Nord-Est. Néanmoins, en tant que Français têtes de mules, lorsqu’on nous dit de tourner vers le Nord, nous continuons à mettre le plus d’Est possible dans notre trajectoire (certains amis craignent même que notre boussole ne fasse une crise en nous voyant nous diriger vers le Chili) en observant que la réalité ne correspond pas tout à fait aux prédictions, avec des vents plus légers que prévu et suffisamment de Sud pour nous permettre de garder Minerva en ligne de mire, presque confortablement (éntendez, nous avons beaucoup de chance que nos garçons soient aussi curieux que nous de voir la lagune dont on nous a tant parlé qu’ils soient prêts à endurer les coups constants, bien qu’à un moment donné Zéphyr, qui prépare quelque chose dans la cuisine, jette l’éponge : “Quelqu’un d’autre peut le faire, j’en ai marre d’être projeté contre les murs !”).

Et après vingt-quatre heures de lutte contre le vent, nous sommes parvenus à 20 milles nautiques à l’ouest du récif lorsque le vent s’est résolument orienté à l’Est et que nous avons allumé M. Petter (notre moteur) pour qu’il nous conduise au havre de paix tant mérité. Quatre heures contre le vent, les vagues et la pluie, et nous arrivons enfin à la passe alors que le ciel s’éclaircit lentement faisant honneur à notre persévérance.

Welcome to Minerva Reef

Je suis la premiere à apercevoir le blanc des vagues qui s’écrasent contre les récifs et Thomas garde un œil attentif pour repérer l’entrée de la passe qui est, nous sommes heureux de le valider, très précisément recensée sur les carte nautiques, et nous nous frayons un chemin, comme un spermatozoïde frétillant qui féconde un ovule.

Aucun bateau à l’horizon, le lagon de quatre kilomètres de large est à nous et la température de l’eau est de 28 degrés ! Dès que nous avons jeté l’ancre, nous partons nous baigner enhabit d’Adam dans l’eau bleu pétant, la visibilité est exceptionnelle. Thomas s’aventure pour vérifier l’ancre et sonder le fond, mais revient peu après en annonçant que le vœu d’Azur va être exaucé : nager avec des requins. Je veux voir, alors je le suis, mais dès que j’aperçois la silhouette reconnaissable au loin, des pensées sur l’imprudence de laisser nos deux enfants à bord au milieu de nulle part et de risquer nos vies comme nourriture pour les requins inondent mon cerveau et je me retire rapidement vers la sécurité du pont d’Obélix.

Thomas and Azur off to see sharks

Après un premier déjeuner calme et horizontal depuis longtemps, l’idée d’une sieste est alléchante, mais, pas de repos pour les aventuriers, nous partons explorer avec l’annexe car c’est marée basse, le seul moment où nous pouvons mettre le pied sur le récif.

Minerva Reef explorers

Nous nous sentons comme des explorateurs sur une planète lointaine, dérangeant les habitants avec nos pas lourds. Un sol inhabituel sous nos pieds et des centaines de créatures aux couleurs les plus étranges éparpillées dans un “sol” brunâtre terne, une murène qui se réveille sur notre passage et se tortille en panique dans l’eau peu profonde avant de se réfugier sous un rocher, et le rugissement monotone des vagues océaniques au loin.

Thomas avance devant et quand je regarde dans sa direction, il a disparu. Je crie (une habitude) mais il ne m’entend pas avec le bruit des vagues, je m’approche et le remarque enfoui dans un trou, puis relevant victorieusement la tête.

Azur, intervening in defense of the crayfish

Et les endroits insolites, mènent à des circonstances insolites et à des demandes insolites…

Pour fêter ça, nous prenons un dîner des plus décadents avec des écrevisses et des crêpes au Nutella, puis nous regardons Zazie dans le métro avec les enfants, allongés paresseusement sur le lit double du salon. Je ne suis plus réveillée à la fin du film, mais j’assiste à un magnifique lever de soleil le lendemain matin avant le départ.

Morning in Minerva

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