Marathon des amis Bretons

4 jours, 5 familles, et 450km parcourus en étoile entre Morbihan et Loire Atlantique pour tisser du lien et revoir des amis de voyage, d’ici, de là-bas, ou d’il y a fort longtemps.

Faisant une entorse à notre vœu de chasteté aérienne, nous avons troqué Montpellier, quittée au lever d’un jour printanier prometteur, pour Nantes, où nous avons atterri sous une grisaille austère. Un cafouillage dans ma réservation de véhicule de location a achevé de me saper le moral en nous retenant à l’aéroport le temps de résoudre l’énigme du lieu de retrait, mais nous avons fini par etre ramassés par une navette Rentscape et récupérer une voiture à leur agence située à quelques centaines de mètres de là. La sollicitude de Thomas ainsi que la curiosité de l’agent sur notre périple vélique m’ont doucement ramenée vers une humeur moins massacrante.

Giro (Nantes)

Les copains de Girotondo nous attendaient chez eux, et le soleil joyeux, déserteur de la région depuis six mois, dans sa grande mansuétude avait chassé le ciel morne et triste et s’était invité pour le déjeuner. Ambiance urbano-champêtre en terrasse, où nous avons savouré, en face de leur jardin verdoyant, d’un érable du japon jaunissant, de tuyas clandestins, et de deux intrépides poulettes, des lasagnes maison chèvre, épinards et blettes de la ferme où Arthur se fait la main pour devenir maraîcher.

Leur grande maison nantaise sur quatre étages a fait le bonheur des enfants qui se retrouvaient et s’en sont donné à cœur joie autour du babyfoot et autres Lego technique de catamaran à foil, tandis que nous échangions entre adultes nos souvenirs et récits de retour à la terre ferme. Dommage que les retrouvailles aient été bouleversées lorsqu’en pleine préparation collective d’une alléchante recette d’Ottolenghi, le petit Balthazar rendait ses tripes après s’être plaint pendant deux heures du mal de tête dont il ne se rappelait plus l’origine : une chute au foot ayant probablement engendré un choc crânien et sa perte de mémoire. Arthur a filé aux urgences avec lui et c’était la dernière fois qu’on les voyait. Le riz sauté à la crème d’anchois a été dégusté en comité restreint, puis nous avons tenu compagnie à Virginie une partie de la soirée, rythmée par les messages d’Arthur qui rendait compte de l’évolution de la situation, jusqu’à ce que nous tombions de fatigue.

Au matin, ils n’étaient pas rentrés, les médecins préférant prolonger l’observation et nous sommes partis professant nos vœux de rétablissement prompt et de retrouvailles prochaines moins dramatiques. (Balthazar va bien mais n’a toujours aucun souvenir de sa soirée).

Hélo (Peillac)

Chez Héloïse, nous sommes arrivés vers l’heure du déjeuner, et comme elle donnait un cours de conscience corporelle à ce moment-là, nous avons mangé, sans elle, la salade de quinoa, concombre, noix de cajou, lait de coco, et coriandre que nous avions prévue. Une fois de plus au soleil, dans le jardin. Elle était ravie une fois rentrée, d’être servie illico presto une assiette comme au restau. Le temps est passé vite entre le café et les discussions sur les dégâts causés par les bambous traçants et la mérule sur les maison en bois, les traits de caractère de nos enfants respectifs, et nos similarités, notamment notre irritabilité au contact de miettes de pain et autres irrégularités sous nos pieds. Il a ensuite fallu aller chercher Noé qui sortait du collège vers 16h, et Mila, peu après, de l’école. Les enfants ne se souvenaient pas de la dernière fois qu’ils s’étaient croisés mais ont bien accroché, partageant un goût pour les acrobaties, la nature, la littérature et les jeux de logique. Mila nous a fait visiter son école à l’occasion des portes ouvertes où nous semblions être les seuls étrangers, puis nous sommes repassés par la maison pour en ressortir aussitôt.

Le vendredi soir à Peillac, c’est collecte des paniers de la ferme et ouverture du bar associatif « Chez Angèle », soit le rendez-vous hebdomadaire des gens du cru et des néo-ruraux qui se retrouvent pour siroter des bières ou des jus pendant que les enfants jouent à cache-cache ou au babyfoot. Les nôtres ont d’abord dévorés les pizzas d’Az avant de les y rejoindre. Hélo et moi avons préféré retourner à la maison pour y diner les restes de salade mais le temps qu’on s’attable, qu’on papote et que je prépare le gâteau au chocolat que j’avais promis à tout le monde, Thomas rentrait avec les enfants, tant pis pour le concert de musique brésilienne.

Le lendemain, les enfants, Zéphyr et Noé surtout, ont passé le plus clair de la matinée autour du Turing Tumble, un jeu de logique informatique tout ce qu’il y a de plus mécanique, source de discussions abstraites absolument incompréhensibles pour un tiers débarquant sans le contexte. Noé nous a fait une démonstration de batterie, avant que nous passions « à table », dans une imitation plus habillée du déjeuner sur l’herbe, sans doute inspirés par les reproductions enfantines du Dimanche après-midi à l’ile de la Grande Jatte de Seurat observés la veille à l’école de Mila.

Simon & Claire (Nantes)

L’après-midi bien entamée, nous avons repris la route direction l’île de Nantes pour y retrouver Simon, Maëlle et Noé, et le temps de se faire brumiser par l’éléphant mécanique, nous cheminions vers Claire qui tenait le stand de Moneko au Festival DeuxMains. N’ayant pas prévu que le temps serait si estival, et ne supportant plus ni mes baskets ni mon jean noirs, je marchais pieds nus, vêtue de ma nuisette en guise de robe surmontée d’un T-shirt pour cacher le décolleté en dentelles un peu trop racoleur. J’aurais bien voulu trouver une fripe et des sandales de circonstance à l’un des stand de fringues d’occasion pour me changer, mais nous sommes arrivés après la bataille et sans l’énergie de farfouiller. Quoi qu’il en soit, c’était chouette de se retrouver dans cette ambiance solidaire après les épisodes Aucklandais, San Franciscain et Vannetais.

Au menu du diner, bouchons réunionnais, pâtes au pesto – telles que réclamées par Thomas, et petites crèmes au chocolat. J’aurais aimé renouer avec la tradition et nous faire un petit jeu de société mais nous étions tous épuisés et n’avons pas fait de vieux os.

Eux aussi sont bien installés dans une maison lumineuse avec de grandes baies vitrées et un long jardin de ville avec plusieurs ateliers et cabanes, si bien qu’au matin, à la vue de la grande tablée de brunch modèle, j’avais l’impression de me glisser dans les pages de papier glacé d’un magazine de décoration d’intérieure. Thé parfumé aux saveurs d’Orient, jus de fruit, œufs à la coque ou sur le plat au choix, tranches de tofu grillés, pain poilâne, confitures de myrtilles, de mirabelles, et miel. Un délice tant visuel que pour les papilles.

Claire est repartie tôt au festival tandis que Thomas et Simon ont discuté rénovation de bateau, le roof d’Altaïr entreposé dans leur atelier au fond du jardin méritant un peu d’attention avec sa couche de balsa pourrie, et puis il nous a emmenés au beau parc de la Gaudinière, profiter de ce havre de verdure en pleine ville, avec son château, ses arbres feuillus ou montagnards ainsi que ses petites cascades bucoliques.

Frédérique & Olivier (Guérande)

Un coup d’œil à la carte de France pour vérifier le trajet Nantes – Sarzeau m’avait fait prendre conscience de la relative proximité de Guérande, donc ni une ni deux j’avais envoyé un petit message à Frédérique, ma professeur de danse depuis mes six ou sept ans, pour vérifier si elle y était. Elle avait instantanément répondu et, quoique revenant tout juste d’un week-end à Noirmoutier, nous avait proposé de nous recevoir pour le déjeuner.

Nous décalant peu à peu sur un rythme de vacances aux horaires hispanisants, nous sommes arrivés chez elle à deux heures moins le quart, affamés. Olivier était perché sur le toit en train de réparer je-ne-sais-quoi et de souiller sa polaire de mousse polyuréthane, Frédérique nous a accueillis rayonnante, avec sa longue chevelure argentée, et vêtue d’une tunique vert pomme impeccable et d’un pantalon blanc, la table était dressée et nous avons été reçus comme des rois. Frédérique nous a interrogés sur notre voyage et nous a rappelé l’importance du sommeil pour notre ado de Zéphyr qui pousse vitesse grand V en ce moment, Olivier a parlé sports de glisse avec Thomas, partageant son expérience de premier professeur de Wing de France.

Là encore le temps a manqué pour se raconter tout ce que l’on avait à se dire, mais Azur m’a fait promettre de revenir vite, subjugué qu’il était par le chat Niji (abréviation de Nijinski) qui l’a immédiatement adopté, le bassin aux carpes (que nous avons caressées), la Lotus Elise jaune pétant (où Olivier n’a pas manqué de faire s’asseoir les enfants), et les énergies de cette vaste propriété aux multiples chambres, jardins, salles de bain, spa, salle de musique, piscine, à l’allure japonisante zen et enchanteresse.

Martin & Marie (Sarzeau)

Dernière escale de ce road trip ambitieux, nous avons posés la voiture dans la rue des embruns de Sarzeau pile pour l’heure du goûter. Nous y avons été accueillis par un Martin barbu, un Abel qui m’a littéralement sauté dans les bras, une Zoé curieuse de savoir si on restait dormir, et une Marie enjouée qui a préparé des sacs en un tournemain pour aller s’installer sur la plage au bout de la rue et profiter de l’air iodé pour un pique-nique d’apéro-goûter au kouign-amann, jus de pomme, saucisse sèche et bretzels.

Nos enfants qui n’ont pourtant pas les mêmes âges se sont entendus à merveille, Zéphyr insouciant comme un gamin mais prenant soin des plus petits. Marie et Martin m’ont paru super relax, nous racontant avec détachement comment Abel avait gravé son nom au caillou sur la portière de leur Papoumobile (voiture léguée à leur retour par le grand-père) un jour où il avait neigé. C’était bon de se retrouver après nos demi-tours du monde respectifs et de se sentir entiers à pouvoir partager non seulement nos expériences du voyage mais aussi de retour au bercail après des années en Nouvelle-Zélande, les raisons de nos choix, nos frustrations, nos envies, nos projets, prendre des nouvelles des amis en commun, etc.

Il y avait un ballon, caché sous le sable et que l’on n’a pas retrouvé au moment de quitter la plage malgré des efforts canins de la part de tous les mecs, des pizzas commandées à Rhuys Pizza, champions de France en 2013 (comme cela figurait encore sur les cartons !), une maison labyrinthique faite d’un raccordement de trois maisons en enfilade, et des chambre d’amis et salle de jeu confortables où nous avons donc passé la nuit.

Retour dans le Sud

Lever aux aurores pour rejoindre l’aéroport. Dernière frayeur à l’embarquement : plus de portefeuille, oublié avec nos pièces d’identité à l’agence de location ! Petit sprint porte d’embarquement – parking – porte d’embarquement pour le récupérer à la navette qui avait fait l’aller-retour pour moi. Parmi les derniers à embarquer, nous avons néanmoins eu notre vol qui nous a déposés à Montpellier sans encombre.

Nous avons terminé la journée à la plage, sous le soleil méridional et le vent in épuisable, cuits mais très satisfaits de cette virée bretonne jalonnée de retrouvailles grastronomiques avec les copains, à s’épancher sur les aléas de la vie entre les burnout des uns et cancer des autres, et profiter de leurs petits coins de paradis qu’ils nous ont ouverts avec chaleur, générosité et parfois spontanéité immodérée.

Les photos ne rendent aucune justice aux bons moments passés ensemble, trop occupés à profiter les uns des autres nous n’en avons presque pas pris.

One comment

  1. Coucou Les Amis! On regardé sur la fenêtre aujourd’hui avec saudades de nos voisins très chères .

    I’m so happy to read your blog and see all these cool experiences with your fellow travelers.

    The boys are so grown up!! I could not recognise Zephyr , so tall !
    Miss you guys ! Maybe next year we see each other again .

    hugs and kisses from Marcia, Camille, Théo & Arthur

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