Doux et terreux, frais et boisé, délicat quoi qu’entêtant, il est un parfum subtil qui distingue les promenades du maquis corse de toutes celles de la Méditerranée, c’est celui de l’hélichryse, alias “immortelle”. Cette fleur étonnante aux vertus thérapeutiques est un régal pour tous les sens, visuel, auditif, olfactif et tactile. En effet, parsemée à ras de terre en taches dorées et argentées, non seulement elle rehausse le paysage de précieuses dorures, mais elle s’effrite dans la main comme du papier de soie froissé, tout en répandant dans l’air son arôme unique et complexe.



J’étais ravie de pouvoir me réapprovisionner en huile essentielle à l’hôtel Monte d’Oro où nous nous sommes arrêtés une nuit pour nous baigner à la “Cascade des Anglais” le premier jour et faire le plein d’adrénaline perchés dans les arbres de son exceptionnel parcours d’accrobranche le lendemain.
Je l’affirme sans hésiter, si nous avons pu visiter des destinations à la réputation surfaite, ce n’est pas le cas de la Corse, loin s’en faut. Car il n’y a pas d’éloge assez glorieux pour témoigner de la sublimité des paysages corses et de la verve puissante de sa nature victorieuse. Là, minéraux, plantes et animaux de toutes tailles, formes et couleurs, peuplent les différentes régions, de la minuscule grenouille ambrée à l’énorme rocher gris aux allures de pachyderme, en passant par les grands pins Laricci, sveltes et majestueux, que nous avons pu escalader au parc d’aventure (et comme j’avais envie d’avoir mes copines du tree climbing club avec moi pour partager cette expérience !).








Même en août, au plus fort de la saison touristique estivale, les sites les plus accessibles sont bien sûr bondés et sans grand intérêt, mais il suffit de sortir des sentiers battus ou de se lever tôt pour trouver des sites naturels préservés au caractère époustouflant. Je suis encore émerveillée par la diversité et le profond sentiment d’appartenance et de reconnexion que j’ai ressenti en explorant cette île au surnom bien mérité d'”Ile de Beauté”.
Parmi les moments forts de notre séjour, citons l’attente de la levée du brouillard à la Punta di a Vacca Morta un matin, l’entretien en visio dans un bâtiment désaffecté de l’Ospedale plus tard dans la journée, l’observation des autres bateaux qui s’efforcaient de s’amarrer aux pendilles hasardeuses de l’anse de la Catena, la promenade le long du Campu Rumanilu sur les falaises blanches de Bonifacio surplombant la mer, la randonnée pieds nus sur le sentier panoramique du cap Roccapina (où nous avons été avertis plusieurs fois par des randonneurs que nous aurions certainement besoin de chaussures – qui se trouvaient dans nos sacs, mais nous sommes parvenus au sommet sans avoir eu à les chausser), le saut de Tarzan de Zeph dans le parc d’accrobranche (deux fois), le saut du grand rocher à Calvi, l’eau cristalline de la Cascade des Anglais, et la plupart des mouillages où les poissons se rassemblaient autour de nous dès que nous jetions l’ancre, mes soirées salsa (évidemment), et l’intérêt de Zéphyr et Azur pour l’histoire de France et de la famille Bonaparte lors de la visite du musée Fesch à Ajaccio (et de son exposition Plon-Plon, un Bonaparte rouge et or), et la (re)découverte des connaissances encyclopédiques de Zeph en matière de mythologie grecquo-romaine, puisqu’il pouvait reconnaître les scènes de la plupart des tableaux rien qu’en les regardant, bien que nous ne lui ayons pas prodigué la moindre éducation artistique.




















Il a d’ailleurs déjà demandé que la Corse soit notre prochaine destination de vacances d’été et toute la famille le soutient sur ce point, moi plus que quiconque, frustrée que je suis de n’avoir pas pu assister à un concert de polyphonies corses, me trompant une fois sur le lieu (j’avais la bonne date, la bonne cathédrale, mais la mauvaise ville), et chassé par la météo toutes les autres fois, quittant Calvi un jour avant le dernier concert de l’été. A charge de revanche !
