Les nouveaux Apollon & Athéna

Que feriez-vous si vous jouissiez de l’exclusivité d’un village antique grec le temps d’une soirée ? Nous avons opté pour une séance de photos coquine au milieu des colonnes de pierre, puis d’aller danser nus avec les poissons nous en donnant à cœur joie parmi les ruines du vieux port submergé par la montée des eaux.

C’est qu’en terme de photogénie du site surplombant la mer Egée, clarté et douceur de l’eau, et variété de la faune marine, on ne peut guère rêver mieux que Karthea, sur Kéa, l’ile suggérée par Daphnée, croisée à Sifnos quelques jours plus tôt (cf. Pouce à Sifnos).

D’ailleurs, la vue sur la baie de Paralia Kalistra, où nous étions ancrés et dont nous avons également pu revendiquer la préséance pendant quelques jours, avant que deux autres voiliers nous y rejoignent, a vite été promue en tant qu’économiseur d’écran, n’ayant rien à envier aux superbes images proposées par mon système d’exploitation. Son eau cristalline, et ses grottes nous ont offert un cadre idyllique, où Azur s’est fait d’un rocher plat et lisse un toboggan aquatique pour kayak, et nous avons trouvé une amphore en plongeant.

Le site archéologique, se trouvait à une vingtaine de minutes, accessible par une balade olfactive à travers les buissons de sauge, de thym, et d’origan sauvages, et nous l’avons visité deux fois, la première en pleine journée, le partageant avec quelques touristes intrépides, et la seconde au coucher du soleil, seuls. A nous s’offraient l’amphithéâtre, les colonnes blanches restant des temples d’Apollo et Athéna (ou ajoutées pour une reconstitution fidèle), ainsi que les socles de statues, maintenant manquantes, appelant de leurs vœux que de nouveaux héros y prennent place, nous forçant à obtempérer, non sans un malin plaisir à évoluer dans ce décor sublime.

En retour de cette deuxième balade, Papa, qui était resté au bateau, avait prévu un Poké bowl salé-sucré qui nous a régalés, et était certes plus généreux que le poisson de la veille. En effet, outre la relative séclusion de cette crique, qui se prêtait idéalement à notre jeu de Robinson, nous avions à disposition un barbecue de fortune, aménagé sur la plage avec quelques pierres et une grillé en metal, ce qui avait incité Thomas à ramener du poisson, hélas réduit en quantité homéopathique une fois fileté. Cependant, avec le riz, la sauce hollandaise, et le dessert de pinnbrød (pain norvégien cuit au feu au bout d’un bâton comme des chamallows) ramené sur la plage, la maigre pêche avait largement été compensée et nous avait repus ; il est rare que nous mourrions de faim sur Obélix.

En bref, cette escale de quelques jours, reclus, et contents de l’être, nous a charmé les uns les autres, et nous avons débattu avec Thomas et Papa, de l’impact de divulguer ce petit coin de paradis peu mentionné et dont nous tenions qu’il conserve son charme en demeurant secret. Jugeant mon auditoire trop restreint pour occasionner une prise d’assaut touristique, j’ai estimé qu’il y avait peu de risque à la nommer ic. Si jamais vous vous trouvez dans les parages, faites donc un saut à Kéa et notamment au site archéologique de Karthea, je vous promets que vous ne serez pas déçus.

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